Dialogue social

Pour un Service Public Hospitalier ré-inscrit dans la loi (communiqué commun AH-CPH)

Catégorie : Dialogue social
Publié le jeudi 23 janvier 2014 15:13

Alors que les missions en cours sur l’offre de soins ( service territorial de santé et ressources humaines dans les projets régionaux de santé ) rendent leurs conclusions,  Avenir Hospitalier et la Confédération des Praticiens des Hôpitaux réaffirment la nécessité de garantir par la loi l’assurance d’une prise en charge sanitaire globale de chaque citoyen sur tout le territoire, et d’y inscrire les caractéristiques de ce qui constitue un véritable  Service Public Hospitalier rénové.                                        
Jusqu’à présent, rien n’a vraiment changé dans les hôpitaux : les modalités de financement sont les mêmes, les conduisant à une course à l’acte indigne d’un service public, là où le juste soin conforme aux règles de bonne pratique devrait être la norme.
Actuellement, efficience, performance et parts de marché sont les seuls mots clefs du credo de la tutelle et des administrations hospitalières. Cette marche forcée à l'équilibre est particulièrement délétère sur les conditions de travail à l'Hôpital public, et ne satisfait que les objectifs financiers imposés aux établissements ou de carrière de ceux qui les dirigent (primes à la performance).

La qualité et la sécurité de nos missions de soins reposent directement sur le personnel soignant des établissements publics de santé. Mais comme le budget du personnel médical et paramédical représente aussi la première variable d’ajustement de l’hôpital aux contraintes économiques, les restrictions se font alors directement au détriment des effectifs. A tel point que nous travaillons souvent aujourd’hui dans des situations indignes, aussi bien pour les patients que nous prenons en charge que s’agissant de nos propres conditions de travail. Les seules perspectives qui nous sont laissées sont soit l’acceptation de l’alourdissement de nos tâches et de la durée de travail, soit le renoncement forcé à l’exercice public et la fuite vers le privé. Dans un cercle vicieux, plus les conditions d’exercice s’aggravent, plus les fuites s’accélèrent, entrainant un recours massif des hôpitaux à l’intérim médical pourtant dénoncé comme « hors de prix ».

L’architecture de la gouvernance et de l’organisation médicale prévue par la loi HPST n’a fait que détourner les acteurs du soin de leur engagement, créant désillusions, incompréhensions, repli sur soi ou départs du service public. Sous le mot magique de « management » et son catéchisme «qualité de vie au travail, respect des acteurs, reconnaissance, démocratie» se cachent en réalité les éléments de langage des leviers d’une puissante hiérarchie médico-administrative autoproclamée et jamais remise en cause, un fossé sans fond entre les décideurs et les acteurs. Les propositions du rapport de la mission Couty demandées lors du lancement du « Pacte de confiance », alors qu’elles contenaient les ferments d’un vrai changement, sont restées pour l’instant lettre morte. Où est le pacte ? Où est la confiance ? Et où est la solution?

L’axe fort de la territorialisation ne doit pas être fondé sur l’élargissement des coopérations public-privé. C’est au contraire en donnant les moyens à un service public modernisé, éloigné de HPST qui a démoli l’hôpital en quelques années, que pourront s’exercer pour tous les citoyens une médecine de qualité sur tout le territoire.

C'est à ce prix seulement que les soignants pourront retrouver confiance, sérénité et plaisir au travail.

Nous ne sommes bien sûr pas opposés au principe d’une territorialisation, mais celle-ci doit permettre le respect des acteurs du soin, au plus près des besoins du patient. Nous attendons d’ailleurs avec impatience que les Commissions Paritaires Régionales se mettent au travail, en tenant le rôle élargi qui leur a été imparti.

La Stratégie Nationale de Santé doit se traduire par l’inscription des vraies valeurs du Service Public Hospitalier dans la Loi, sur un plan national et territorial, avec l’affirmation actualisée des  engagements qui ont fait de l'hôpital français un des plus sûr et performant au monde. Cette stratégie n'aboutira qu'au travers du respect et de l'épanouissement de ses acteurs.