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DIALOGUE « SOCIAL » ENTRE LES PRATICIENS ET LE MINISTÈRE : Quand le ministère joue avec les agendas des praticiens, au mépris des patients et des équipes médicales
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- Publié le vendredi 8 octobre 2021 15:38
Communiqué APH & JM du 8 octobre 2021
Les membres du Conseil Supérieur des Professions Médicales ont appris ce lundi le report de deux demi-journées de travail de la commission des statuts prévues les 14 et 15 octobre, dont l’ordre du jour n’est toujours pas défini, mais est probablement en lien avec des modifications profondes dans la réglementation du statut de praticien hospitalier et des modalités pour faire face au plafonnement de l’intérim médical.
Ils apprennent également que des réunions présentielles destinées au vote des textes, prévues les 4 et 5 novembre auront lieu en visioconférence, ce qui est un déni de plus dans les modalités proposées et dictées par le ministère pour un dialogue social constructif.
Tout ceci, sans explication et sans réponse à nos remarques ou questions sur ce report.
Pourtant, ce calendrier est prévu depuis des mois. Les praticiens qui représentent leurs collègues se sont organisés, pour participer à ces réunions (annulation de plages de consultations, sollicitation d’efforts de la part de leurs collègues pour permettre un maintien d’activité tout en les laissant aller à ces réunions de première importance au ministère). Les dates de reports imposées sans la moindre concertation coïncident avec des congrès syndicaux où des membres du CSPM (syndicats, directeurs, présidents de CME) sont conviés.
Déjà, la semaine dernière la DGOS nous convoquait en urgence suite à un « oubli » d'une secrétaire, au sujet de la mise en œuvre d’une mesure qui va mettre à mal l’hôpital public, celle de l’intérim.
Ces manques d’organisation et de respect des équipes de la DGOS témoignent d’une dégradation du climat social voire d’un mépris certain et grandissant.
Cette même semaine dernière, il était demandé au ministère de reprendre les réunions présentielles, beaucoup plus propices au débat et à la co-construction de la réglementation concernant le statut des praticiens. A l’heure où l’hôpital public n’arrive pas à se relever d’une situation de pénurie et de restrictions présentes bien avant l’arrivée de la COVID, crise qui a déstructuré encore plus l’Hôpital Public, ses soignants, ses praticiens. Ces nouvelles modalités d’un dialogue syndical mouvant et en distanciel semblent très constructives pour une politique virtuelle et nouvelle du dialogue social… Nous en prendrons acte.
Ces changements de date et de règles de fonctionnement « comme bon semble au ministère » sont inadmissibles, et témoignent du manque de respect des tutelles vis à vis des professionnels de santé que nous sommes. Ces exemples montrent également un certain mépris de notre engagement quotidien.
APH et Jeunes Médecins demandent que :
- Le calendrier des réunions fixé par la DGOS soit scrupuleusement respecté sauf cas de force majeure validé par nos présidents,
- La norme soit la tenue de réunions présentielles, et l’exception, dûment justifiée, la visioconférence,
- La (re-)construction nécessaire de l’Hôpital Public ne soit pas remplacée par un simulacre de négociation où les décisions sont prises à l’avance pour être confirmées sans prise en compte du vote des praticiens voire en opposition totale des votes de celles et ceux qui défendent les praticiens et qui ont une connaissance précise du terrain et des difficultés de par leur exercice.
3ème comité de suivi du Ségur des personnels médicaux L’échec du Ségur est bel et bien en marche
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- Publié le vendredi 1 octobre 2021 07:58
3ème comité de suivi du Ségur des personnels médicaux
L’échec du Ségur est bel et bien en marche
CP du 30/09/2021
Ce mercredi 29 septembre se tenait en visioconférence le 3ème comité de suivi du Ségur des personnels médicaux hospitaliers, en présence de la DGOS, de la FHF et des organisations syndicales représentatives sans le ministre ni la directrice de la DGOS.
Les mesures de reclassement des PH sont oubliées par le ministre et ses équipes. Pourtant, les organisations signataires demandent comme Action Praticiens Hôpital une bonification de 4 ans pour tous, identique à celle qui a été accordée aux plus jeunes. C’était pourtant une mesure d’attractivité forte, un signal fort pour les PH… Nous attendrons donc le jugement en Conseil d’État sur le recours porté par APH contre le décret sur le reclassement.
Les décrets sur la modernisation des statuts « uniques » de PH et de contractuels tardent à sortir. APH s’en serait offusqué si ces mesures étaient réellement des mesures d’attractivité. En dehors de la reconnaissance des valences non cliniques ou des primes managériales, aucune mesure forte d’attractivité n’apparaît.
Pire encore, la publication prochaine du décret sur la prime de solidarité territoriale contre l’avis unanime des représentants des praticiens en CSPM. De manière incroyable, cette mesure est censée être le pendant de celle qui dans la « loi Rist » sanctionne le dépassement du plafond légal des tarifs de l’intérim. Si APH regrette des tarifs d’intérim parfois exorbitants, remplacer un intérimaire par un praticien épuisé qui travaillera au-delà de ses obligations de service, c’est dangereux pour le praticien et encore plus pour le patient. Penser que plafonner l’intérim va inciter les intérimaires à s’engager dans une carrière hospitalière, c’est nier le défaut d’attractivité de ces carrières et être aveugle sur l’agressivité du « mercato » médical en ces temps de grande pénurie.
Que va-t-il se passer ? C’est mathématiquement simple : fermeture de salles d’opérations alors qu’il y a déjà un retard de prise en charge chirurgicale, de lignes d’urgences et de Smur déjà mises à mal depuis des années : le gouvernement devra assumer cet abandon du soin de la population.
Pour restaurer l’attractivité, APH demande, de toute urgence :
- Le reclassement de l’ensemble des praticiens hospitaliers avec une bonification de 4 ans dans la nouvelle grille salariale comme pour les praticiens entrants.
- D’ouvrir le chantier de la permanence des soins : de la 5ème demi-journée demandée par nos organisations syndicales depuis près de 20 ans - demande à laquelle se raccrochent, tels les ouvriers de la dernière heure, les syndicats signataires du Ségur après l’avoir sortie du protocole d’accord - mais aussi, valorisation des astreintes, de la télémédecine… Même la FHF le demande !
- D’ouvrir le chantier de la formation continue : celui-ci devait être ouvert début 2021. Le maintien des compétences est un challenge auquel les tutelles doivent répondre : sanctuarisation du temps des 15 jours statutaires de formation et financement réaliste de la formation continue médicale.
Dr Jean-François Cibien Président AH Président APH 06 07 19 79 83 |
Dr Carole Poupon Présidente CPH Vice-présidente APH 06 76 36 56 67 |
Dr Yves Rébufat Président exécutif AH 06 86 87 62 76 |
Actu'APH n°9
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- Catégorie : La Revue
- Publié le lundi 20 septembre 2021 10:09
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SOMMAIRE
ÉDITORIAL
DOSSIER : PROBLÉMATIQUES DU TRAVAIL
Le temps de travail : une revendication de longue date - Jean-François Cibien, Président d'APH
Déprogrammations… quelles leçons en tirer ? - Anne Geffroy-Wernet, présidente du SNPHARE
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE D’APH - Eric Branger, secrétaire général d’APH
IN MEMORIAM
Adieu Michel - Nicole Smolski, ancienne présidente du SNPHARE et ancienne vice-présidente d’APH
SPÉCIALITÉS
La psychiatrie en Guadeloupe : tsunami dans le désert - Michel Eynaud, psychiatre au CHU de Pointe-à-Pitre, membre du SPH
DOSSIER : RÈGLEMENT ET LÉGISLATION
ORGANISATION D’APH
Droits et moyens syndicaux pour les praticiens hospitaliers. Insuffisance sociale chronique au ministère de la santé.
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- Publié le mardi 13 juillet 2021 06:05
Droits et moyens syndicaux pour les praticiens hospitaliers.
Insuffisance sociale chronique au ministère de la santé.
Communiqué Action Praticiens Hôpital du 12 juillet 2021
Le décret 2021-908 du 7 juillet 2021 relatif aux droits et moyens syndicaux des personnels médicaux, odontologiques et pharmaceutiques des établissements de santé et médico-sociaux publics vient de paraître au Journal Officiel.
Après plus de 10 ans de discussion avec notre ministère de tutelle, après avoir obtenu la création du conseil supérieur des professions médicales (CSPM), ce décret permet enfin la reconnaissance d’un droit constitutionnel pour tous les travailleurs et jusqu’à présent bafoué pour les praticiens hospitaliers. C’est une juste victoire pour Action Praticiens Hôpital qui a porté ce combat dès le début de sa création.
Les moyens accordés par ce décret ne sont malheureusement pas suffisants pour installer une véritable démocratie sanitaire dans notre pays. L’hôpital public continue à être déserté par les médecins français pour les raisons, révélées et aggravées par la crise sanitaire, que chacun maintenant ne peut plus ignorer.
18 équivalents temps plein pour représenter 47 000 praticiens Hospitaliers, 38 000 praticiens non titulaires et 6000 hospitalo-universitaires c’est non seulement très insuffisant pour les hospitaliers mais surtout très en deçà de ce qui est accordé aux autres corps d’agents publics (Article 13 du décret 2012-736 et article 16 du décret 82-447 modifié).
Action Praticiens Hôpital demande que 390 équivalents temps plein soient mis à disposition des organisations syndicales de praticiens hospitaliers conformément aux règles de calcul en vigueur dans la fonction publique et dans les autres corps d’agents publics.
« Une subvention sera accordée pour l’achat de matériel informatique et téléphonique ». C’est très insuffisant !
Action Praticiens Hôpital demande le financement ou la mise à disposition de locaux pour les organisations représentatives comme c’est le cas dans d’autres corps d’agents publics.
Les hospitaliers subissent une fois de plus une adaptation réglementaire a minima qui ne les satisfait pas, APH envisage donc, une nouvelle fois, de porter un recours devant la juridiction compétente afin que les praticiens hospitaliers puissent obtenir ce à quoi ils ont droit.
Jean-François Cibien Président AH Président APH 06 07 19 79 83
Yves Rébufat Président exécutif AH 06 86 87 62 76
Anne Wernet Présidente du SNPHARE
François Braun Président de SUdF
Jacques Yguel Président SPHP
Jean-Marie Leleu Président FNAP
Emmanuel Cixous Président du SNPEH
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Carole Poupon Présidente CPH Vice-présidente APH 06 76 36 56 67
Richard Torrielli Représentant adhérents directs Avenir Hospitalier
Yves Hatchuel Président du SMH
Salem Ould-Zein Président du SNPADHUE
Delphine Glachant Présidente USP
Pascale Le Pors Vice-Présidente SYNGOF
Abdelkrim Benchikh-El-Fegoun Vice-président du SMH Délégué AH Outre-Mer
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Emanuel Loeb Président JM 06 50 93 64 60
Eric Guiheuneuf Vice-Président des Biologistes Médicaux
Denis Cazaban Président du Smarnu
Anne David-Bréard Présidente du SNGC
Marie-José Cortès Présidente SPH
Xavier Palette Vice-Président SNBH
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Avec le soutien du Groupe Pasteur Mutualité
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Campagne nationale
" Dis Doc', t'as ton doc' ? " pour faire évoluer le modèle culturel des médecins !
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Actu'APH n°16
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Les annonces de recrutement octobre 2023
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Les dernières actus
75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… … PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.
MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE) !
Ce vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins. En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.
Lettre aux élus De La République
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Paris, le 22 juin 2022
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président, Madame la rapporteure de la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France
Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,
Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, organisation majoritaire aux dernières élections professionnelles pour le Conseil Supérieur des Personnels Médicaux vous remercie pour l’écoute attentive lors de notre audition au Sénat du 9 décembre 2021. Nous vous remercions pour le rapport que vous avez publié le 29 mars 2022 et nous nous permettons de vous rappeler notre proposition de réfléchir ensemble sur les modalités législatives à mettre en œuvre pour faire évoluer la situation de l’Hôpital Public et de l’accès à un juste soin qui se dégradent sur l’ensemble du territoire national.
Nous représentons les médecins, pharmaciens, odontologistes des hôpitaux et faisons partie des corps intermédiaires élus. Nous sommes issus du terrain et des terroirs de notre Nation. Nous appartenons à l’Hôpital Public pour lequel nous œuvrons jour et nuit pour permettre un accès aux soins à tous nos concitoyens, vos électrices et vos électeurs, pour qu’en France vivre en bonne santé soit et reste une réalité.
Dans cette lettre nous vous résumons une partie de notre analyse sur les points de blocage et les leviers que la Loi devra changer pour que demain le pilier Santé retrouve sa juste place dans notre société. Pour que l’ensemble des praticiens et soignants des établissements de santé, du médico-social comme de la ville puissent retrouver la sérénité d’exercice dont ils ont besoin pour répondre aux attentes des patients et de leur famille.
Nous avons subi depuis des décennies le dogme de la rationalisation fiduciaire et notre système est à bout de souffle, au bord d’une rupture irrémédiable. La France qui dans les années 2000 était à la pointe de la médecine dans le monde se retrouve aujourd’hui au 23ème rang.
Notre rôle de corps intermédiaire a été trop souvent ignoré et parfois maltraité par une gangue administrative qui a parfois perdu le sens des valeurs de notre société. Nous connaissons bien les territoires et ce que nous avons à faire pour le bien commun. Nous vous l’avons démontré depuis longtemps et encore plus lors de la première vague Covid. Nous avons alerté également maintes fois pour que les choses évoluent…
Il semble temps aujourd’hui de changer de méthode et de retrouver des objectifs quantitatifs acceptables mais surtout qualitatifs en termes de juste soin pour les patients et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour nous vos soignants. Ces conditions sont indispensables pour que nos concitoyens puissent retrouver une espérance de vie en bonne santé superposable à celle des autres pays et que les acteurs du soin que nous sommes puissent également retrouver le sens de leurs métiers.
Nous ne sommes pas abstentionnistes ou spectateurs passifs mais des acteurs engagés pour construire le renouveau tant attendu par les Françaises et les Français et clairement exprimé ces dernières semaines. Nous sommes et serons là pour vous aider à reconstruire et à moderniser l’existant pour que le vivre ensemble en bonne santé ne soit plus un mirage mais redevienne une réalité pour toutes et tous en tout point du territoire.
APH est à votre disposition pour travailler dans cette direction dans un respect mutuel et autour des valeurs de notre République.
Prenez soin de vous, des vôtres et de la santé de vos administrés comme celle de l’Hôpital Public et de notre système de soin.
APH REAGIT A LA « NOTE AU GOUVERNEMENT » DE MARTIN HIRSCH
Tribune APH du 9 mai 2022
Martin Hirsch, directeur général de l’APHP, s’est autorisé à envoyer une « note au gouvernement » [1] qui ressemble à un acte de candidature au poste de ministre chargé de la Santé. Dans cette note, adressée en copie à la presse, il étale ses réflexions et ses propositions pour l’hôpital public… Nous nous limiterons ici à commenter ses propositions, exposées comme une profession de foi.
Faire le constat du naufrage de l’hôpital public, annoncé par les syndicats depuis longtemps, fait désormais l’unanimité. Les discours des politiques et des administratifs assurant que l’hôpital tient toujours debout, qu’il a tenu pendant la pandémie, que la résilience des hospitaliers est inaltérable ne sont que façade. La réalité de notre quotidien est tout autre : la souffrance des hospitaliers explose, déprogrammations et fermetures de services résultent du manque de professionnels paramédicaux et médicaux, qui fuient en nombre le service public hospitalier. Nombre de celles et ceux qui restent encore sur le front sont rongés par un épuisement professionnel et personnel.
Cependant, les angles de vue proposés par Martin Hirsch sont inquiétants, en profond décalage avec les métiers du soin et la notion de service public.
- Considérer que le soin se résume à une productivité mesurable est d’une cruelle indécence pour tous ceux dont on salue la vocation, l’humanisme et tout simplement le professionnalisme. Dans quelque secteur du soin que ce soit, le geste technique – qui rapporte à l’hôpital – n’est rien sans la relation du soignant avec le patient, sans le travail d’équipe, sans la réflexion sur son propre travail. C’est pourtant bien cette perte de sens qui fait fuir ou qui épuise les professionnels de santé.
- Considérer que le professionnel de santé est un pion qui joue individuellement et que l’on peut balader d’un service à l’autre, d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre est encore une fois oublier le sens du soin à l’hôpital. Une équipe se construit, a une histoire, un projet, elle se renouvelle, mais doit savoir garder ceux qui s’investissent pour elle et doit donner la possibilité à chacun de s’investir, pour se sentir partie prenante de l’œuvre commune de soigner, d’accompagner et du vivre ensemble.
- Considérer l’hôpital sans la ville oublie que le système de santé doit être centré autour du patient, et de son médecin traitant, et non du CHU parisien. Le champ du médico-social semblerait aussi avoir été omis… Le passage à l’hôpital d’un patient ne devrait se faire que lorsque les moyens de la ville et du premier recours sont dépassés : compétences spécialisées, plateaux techniques et maternités.
- Défier les corps intermédiaires élus et donc légitimes, c’est-à-dire les syndicats – ce terme n’est même pas mentionné dans sa note – comme ne défendant pas les intérêts des praticiens est particulièrement déplacé. L’exemple de la discussion lors du Ségur sur la permanence des soins… à laquelle il n’a pas participé, contrairement à nous ! – en dit long sur sa vision du dialogue social…
Ainsi, ses propositions sont-elles également en décalage avec les métiers du soin hospitalier.
- L’attractivité (jamais nommée dans la « note ») ne peut se résumer au problème des rémunérations. Il est si facile d’occulter les réelles difficultés : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, équilibre vie professionnelle et personnelle, adaptation des contraintes à la parentalité… Le Ségur a été insuffisant, quand il n’a pas été insultant pour les praticiens hospitaliers. Le chantier de l’attractivité est à ouvrir réellement, courageusement : c’est une des priorités à mettre en œuvre immédiatement.
- La mobilité versus la carrière à vie ? Destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel, la perpétuelle mobilité contribuerait à envoyer les praticiens vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés. Si nous sommes d’accord sur le fait que la concentration des prérogatives « clinique, enseignement, recherche et management » sur les seuls hospitalo-universitaires n’a pas de sens, il n’y a en revanche aucune honte à être praticien hospitalier toute sa vie, ou pendant un temps long, dans un même établissement. Il n’y a aucune honte à y travailler sans aspiration hospitalo-universitaire. Le travail hospitalier des praticiens implique la constitution de projets à long terme, d’investissements financiers, mais aussi de création de réseaux avec la ville, le médico-social et de suivi des patients porteurs de pathologies chroniques complexes. Monsieur Hirsch sait-il seulement ce qu’est le travail d’un praticien hospitalier, d’un soignant ?
- La casse du statut ? Oui, les professionnels de santé gagneraient à être reconnus ou assimilés à des fonctionnaires « régaliens », plutôt que de poursuivre leur engagement dans l’hôpital public tout en voyant des collègues faire de l’intérim pour des rémunérations qui vont jusqu’à dix fois la leur, pour produire de l’acte sans contribuer aux piliers essentiels de l’hôpital que sont l’équipe, les liens entre services et la vie institutionnelle. Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage. Les professionnels de santé engagés dans l’hôpital public demandent seulement à être rémunérés en fonction du travail qu’ils réalisent, où pénibilité et responsabilité doivent être prises en compte.
- La gouvernance souffre en tout premier lieu de démocratie, notamment dans la désignation des chefs de service et de pôle. Aucun projet de réforme de gouvernance ne peut voir le jour sans ce prérequis. L’évocation des instances médicales et paramédicales des instances de gouvernance n’appelle pas la comparaison suggérée par Martin Hirsch : ni leur composition ni leurs missions ne sont comparables, ce d’autant qu’aucune représentation syndicale médicale locale n’est actée dans les établissements publics de santé. Cette absence d’implication des syndicats de praticiens hospitaliers à l’échelon du territoire de santé est une anomalie qui interroge…
Action Praticien Hôpital ne cesse d’appeler à réformer le système de santé et continuera à porter les principes de la qualité de vie des praticiens hospitaliers ; c’est l’intérêt de l’hôpital public : ceux qui y travaillent, ceux qui y sont soignés. Pour nous, le statut de praticiens est un gage de sûreté pour ce corps mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux propos de Monsieur Hirsch, le cadre qu’il définit comme « rigide » de l’hôpital public ne l’empêche pas d’évoluer. Au contraire, il sécurise une réforme nécessaire, tout en gardant les prérogatives du service public comme les valeurs de la République pour défendre notre système solidaire de santé.
Nous défendrons des actions pour promouvoir un renouveau du système hospitalier et de celui de la santé en conservant les fondamentaux comme ceux des statuts, des engagements par conviction au service des patients et dans un esprit d’équipe et avec une rémunération revalorisée mais sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation.
Cette réforme sera coûteuse mais elle est nécessaire, et elle sera efficace.
Ayons le courage de définir la place de l’hôpital public dans le système de santé : il n’est en concurrence ni avec la médecine de ville, ni avec l’activité des cliniques lucratives dont les missions et les objectifs sont différents.
Ayons le courage de mettre sur la table le problème du temps de travail des praticiens hospitaliers, chantier éludé du Ségur, et mettons en regard les rémunérations avec le volume horaire de travail réalisé par les praticiens.
Ayons le courage de corriger l’erreur du Ségur qui a valorisé l’engagement des jeunes sans considérer celui de ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des dizaines d’années : donnons à tous la bonification d’ancienneté de 4 ans.
Ayons le courage de mettre sur la table le chantier de la permanence des soins : pas timidement et de manière insultante comme au Ségur, mais par une revalorisation massive à hauteur de la permanence des soins effectuée par les libéraux (le rapport de l’IGAS sur le sujet n’est toujours pas public…), et par une prise en compte des effets collatéraux du travail de nuit : pénibilité, déséquilibre vie professionnelle – vie personnelle, morbidité induite et réduction de l’espérance de vie.
Ayons le courage d’officialiser les mesures d’attractivité plutôt que de laisser perdurer les petits arrangements opaques, à la limite de la légalité, dont le principe et de nombreux exemples sont pourtant connus des tutelles.
Ayons le courage de réformer la gouvernance en imposant une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant. Donnons la possibilité de faire exister les syndicats médicaux dans les établissements au même titre que les syndicats paramédicaux. Les syndicats et leurs représentants ont un rôle à joueur pour faire vivre le dialogue social dans les établissements de soins mais également sur les territoires de santé.
Ayons le courage d’un dialogue social équilibré. Les erreurs de trajectoire pour l’hôpital public, et notamment les plus récentes, sont le fruit de négociations tripartites où directeurs et DGOS ont une connivence à peine voilée, tandis que la parole – et même le vote – des praticiens concernant les évolutions est quasiment ignorée. Écouter le terrain sans le suivre nous a conduit dans le mur. Appliquer les propositions des représentants légitimes que sont les syndicats est la seule planche de salut pour l’hôpital public : Action Praticiens Hôpital, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, et ses composantes, représentant l’ensemble des spécialités médicales, odontologiques et pharmaceutiques, majoritaires chez les praticiens hospitaliers et les contractuels aux dernières élections professionnelles, sera présent et force de propositions.
Jean-François Cibien- Président AH, Président APH, 06 07 19 79 83
Carole Poupon - Présidente CPH, Vice-présidente APH ; 06 76 36 56 67
Yves Rébufat - Président exécutif AH , 06 86 87 62 76
[1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467